Entrevues

Chroniques d’Art Basel avec Derrick Gilday et Ali Rybczyk

Derrick Gilday et Ali Rybczyk sont des passionnés d’art avec un P majuscule!

De mille et une façons, le Cirque du Soleil a guidé des millions de spectateurs autour du globe dans l’exploration de leur imaginaire et a fait passer plus d’un rêve à la réalité. Nos spectacles mettant en valeur la poésie, la créativité et la virtuosité, nous croyons qu’il faut célébrer l’art sous toutes ses formes afin de promouvoir l’harmonie dans notre monde.

C’est pourquoi nous avons récemment dépêché deux intrépides Icônes du Cirque du Soleil à la Miami Art Week où avait lieu l’événement Art Basel, pour y découvrir les nouveautés dans le domaine de et les partager avec nos millions d’admirateurs à travers le monde.

Nous avons eu le plaisir d’échanger avec Ali Rybczyk, une peintre accomplie, et Derrick Gilday, un influenceur touche-à-tout, modèle, et anciennement artiste du Cirque du Soleil, à propos de leurs impressions de la pétillante et distinctive scène artistique de Miami.

Tout d’abord, parlez-nous de vous! 

Derrick Gilday : J’ai découvert l’art à l’âge de 20 ans et commencé ma carrière d’artiste en étudiant et en pratiquant la photographie. Lors d’un voyage dans le nord de l’Angleterre, je suis tombé en amour avec l’univers local des boîtes de nuit, surtout pour ce qui est de la danse. De là, j’ai découvert les arts du cirque dans lesquels je me suis investi professionnellement, notamment au San Diego Circus Center, à l’AFUK Contemporary Circus School et au San Francisco Circus Center, où j’ai obtenu un diplôme de la Clown Conservatory en 2013, avec spécialisations en art clownesque, Commedia Dell’arte et Bouffon. Je suis également concepteur de mode et de costume, car j’estime grandement l’art vestimentaire et comment il inspire l’appréciation du soi.

Aujourd’hui, je dirige une entreprise appelée Umbrella Ship, qui combine le divertissement, le bien-être et le développement communautaire. On y fait appel au jeu et à la créativité dans une perspective de développement personnel et de présence profonde.

Lorsque j’ai découvert le théâtre clownesque, j’ai eu l’impression de trouver le Graal de l’interrelation, de la créativité et de l’amour-propre. Cela m’a donné les outils nécessaires pour aider les autres à explorer leurs propres débats intellectuels et émotionnels. En fin de compte, je dirais que ma raison d’être est ce désir de soulager un peu la pression qui pèse sur l’humanité, et de rappeler à tout ce monde qu’il a le contrôle sur sa destinée. Il est possible de prendre les choses au sérieux sans être trop sérieux.

Ali Rybczyk : Je suis une artiste de troisième génération, une peintre événementielle, une guide en art intuitif, en plus de pratiquer les beaux-arts. Je me spécialise dans les portraits, la peinture abstraite et la peinture paysagiste. Mon style prône une énergie stimulante. L’une de mes plus grandes forces, en tant qu’artiste qui crée des expériences pour mes clients et le monde qui m’entoure, est de pouvoir me mettre à l’œuvre avec facilité. Il y a un fondement de confiance en soi lorsque je dépose mon pinceau sur la toile. C’est un sentiment que je tente d’inculquer dans mes cours d’art en privé et lors de classes éphémères en groupe, en guidant les autres pour qu’ils découvrent leur propre conviction créative. Je suis une artiste professionnelle et une entrepreneure autodidacte. Bien que j’aie des gènes de peintre, c’est plutôt le lien avec mon moi intérieur qui me permet d’entrer en relation avec le monde qui m’entoure.

L’art constitue la plus grande part de ma vie – interne et externe. Chaque moment fort de mon existence m’a amené à approfondir le sens qu’engendre mon expression.

 

Comment l’art a-t-il changé votre point de vue et votre vision du monde?

DG : L’art a profondément influencé ma vision du monde, en me permettant de voir dans l’esprit et l’imaginaire des créateurs. L’imagination n’a pas de limites, tout comme nos expressions de créativité et d’amour. De nos jours, alors que presque tout notre emploi du temps est minuté et que tout ce que nous faisons est censé produire des résultats, le fait d’explorer les recoins inconnus de notre expérience personnelle et de transposer dans le réel cette idée floue est en soi un acte audacieux.

L’art est un reflet pur de la psyché humaine. On peut regarder la même fleur, mais en percevoir des éléments différents – c’est une réalité subjective. L’art me rappelle combien l’humanité fait fi des frontières. Elle nous relie à une source qui se trouve au-delà de ce que l’on peut expliquer. Beaucoup de choses dans votre vie peuvent vous être enlevées, mais votre imagination et votre créativité seront à jamais votre propriété souveraine et un droit inaliénable.

AR : L’art a éclairé ma vision du monde, parce que je conçois l’art comme une expérience personnelle. Je suis quelqu’un qui encourage les autres à laisser transparaître leur artiste intérieur. J’aime projeter ma lumière pour qu’elles profitent aux autres au quotidien, sachant que l’art m’a complètement transformé et guéri à maintes reprises. Je crois que lorsque nous faisons tous briller notre lumière unique, nous avons la capacité faire scintiller tout le ciel. L’obscurité, la lumière, le contraste et toutes les teintes qui les séparent constituent l’expérience humaine.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus étonné lors de la Miami Art Week et du Art Basel? 

DG : Être entouré de tant d’expressions de couleur et de forme donnait l’impression d’être dans un tourbillon émotionnel - comme dans des montagnes russes. Le domaine des arts visuels est semblable à celui des arts théâtraux, et j’ai pu faire de nombreux parallèles entre ce que l’on ressent lors d’un spectacle du Cirque du Soleil et lors de la Miami Art Week.

AR : C’était ma première expérience à la Miami Art Week et au Art Basel, et je dirais que ç’a été une expérience révélatrice à bien des égards. Ce qui m’a le plus surpris, ce sont les activités ayant lieu à l’extérieur du centre des congrès et des spectacles. [Les événements] ont réuni des gens de tous les milieux pour célébrer une seule et même chose : l’art. De manière collective, tous les gens présents

 

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Quel(le)s artistes vous ont le plus touché au Miami Art Week/Art Basel, et pourquoi?

DG : Tout ce que j’ai vu débordait d’intention, d’un désir de présence. La beauté et l’ampleur de toutes ces œuvres m’ont renversé. Je veux particulièrement souligner un artiste du nom de Lloyd Foster. Il a créé des sculptures bifaces suspendues, constituées d’une part de la photo d’un individu, et de l’autre d’un modelage fait de multiples matériaux de ce même individu, à l’esthétique presque démoniaque. Cela m’a rappelé l’existence de ce côté sombre des humains, un côté ténébreux que nous avons tous, mais que nous ne montrons généralement qu’à nos proches. C’est la partie de nous-mêmes que nous dissimulons, mais aussi qui nous unit profondément. C’est un artiste assurément prometteur, et j’ai hâte de voir la suite de sa carrière.

AR : Le fait de représenter le Cirque du Soleil dans le cadre du Art Basel m’a offert la chance de côtoyer des centaines d’artistes et de voir comment l’art illumine leur travail et leur monde. J’ai pu rencontrer des gens magnifiques et découvrir une multitude d’histoires émouvantes, mais l’une des artistes qui m’a le plus touchée est Breanna Martins (@prettyspookygirls). Je l’ai rencontrée à l’exposition satellite où plusieurs de ses aquarelles étaient exposées. En tant que peintre, je suis obsédée par des détails comme les marques de peinture, le grammage du papier, l’origine de la toile, les finis adhésifs. À mon avis, cette rigueur qualitative augure du résultat artistique de l’œuvre.

Comme moi, Breanna est une peintre de troisième génération; son inspiration est issue de quelques photos dont elle a hérité lorsqu’elle et sa famille ont émigré en Amérique. Elle a commencé à peindre à partir de ces images et c’est là que sa carrière a pris son envol. Elle travaille maintenant à partir de photos noir et blanc glanées ici et là. D’une perspective générale, sa trajectoire, son histoire et la qualité de son travail sont fascinantes et éclairent le passé et le présent.

 

Quel a été l’aspect que vous avez préféré de la Miami Art Week?

DG : La Miami Art Week était sexy, provocatrice, tendance, colorée et inspirante! Difficile de choisir parmi tant de choses magnifiques, alors ma réponse un peu floue serait la variété d’expériences/activations, d’arts visuels et de gens. Miami est une ville aux mille visages, et la Miami Art Week l’est tout autant. Il y a des visiteurs du monde entier et issus d’horizons variés, et elle attire la crème de la crème du monde des arts. Et tout cela sur fond de plages sablonneuses et de ciel bleu.

AR : Ce que j’ai préféré de la Miami Art Week est lié au sentiment que j’ai perçu de l’auditoire, des personnes présentes, des artistes et des propriétaires de galerie – globalement, toute l’inspiration émanant de l’énergie de tout un chacun.

[C’est pour l’art] que nous sommes tous là. L’expression de soi était au zénith, et je ne saurais trop insister sur le fait que c’est ce qui transparaissait de l’ensemble.

Tout au long de la semaine, qu’est-ce que les gens vous ont dit lorsqu’il était question du Cirque du Soleil?

DG : L’impact que le Cirque du Soleil a eu sur la vie des gens en général est palpable. Tous ceux avec lesquels j’ai parlé m’ont raconté de ce que le Cirque du Soleilleur a inspiré. Qu’il s’agisse de les inciter à entreprendre une carrière artistique ou d’avoir rapproché les familles, le Cirque a joué un rôle essentiel dans la vie des gens. L’une de mes réactions préférées est venue d’un homme choisi au hasard dans un auditoire par un clown suspendu au-dessus de lui. Le clown laissait tomber un à un des grains de maïs soufflé en incitant l’homme à les attraper avec sa bouche, sous les encouragements du public; éventuellement, c’est tout le sac qui lui est tombé dessus. Je lui ai demandé comment il s’est senti, et il a répondu : « J’avais l’impression d’être une star! »

C’est ce que les clowns font si bien. Ils ou elles vous font baisser votre garde, attendrissent votre cœur, vous aident à voir la situation comme une occasion de s’amuser.

AR : Au travers de mes interactions tout au long de la semaine, ce que les gens m’ont particulièrement confié, c’est à quel point le Cirque du Soleil les interpelle au plan sentimental et évoque la nostalgie. Dès qu’ils entendent « Cirque du Soleil », leurs yeux d’enfant s’allument. Les gens ont pu revivre ces souvenirs et les partager avec moi. C’était incroyable de les entendre relater leur tout premier spectacle, avec qui ils étaient, pourquoi ils y sont allés et combien ils s’en rappelleront toute leur vie. J’adore leur expression lorsqu’ils racontent ces expériences marquantes et à quel point ils sont impressionnés par le Cirque du Soleil. Ce genre de sincérité et de bonheur, ça ne s’achète pas.

Le Cirque a vraiment semé une étincelle de magie dans d’innombrables vies, en créant une œuvre universelle qui nous unit.

Quelles seraient vos recommandations pour ceux qui souhaiteraient visiter la Miami Art Week l’an prochain?

DG : Simplement de ne pas la manquer! Achetez vos billets dès maintenant, examinez quels sont les artistes et les galeries qui y participeront, plongez dans leur portfolio – et le vôtre –, laissez de côté vos réflexions par rapport aux aspects commerciaux, vos idées reçues sur l’art lui-même, sur les personnes en général et ouvrez votre esprit à la splendeur de la créativité.

AR : Apportez un carnet d’esquisse! Utilisez-le pour noter le nom des artistes, les impressions que vous provoque une œuvre, dessiner des formes ou encore créer des cartes. Voyez-le comme un totem vivant qui résumera votre expérience et votre contribution à Art Basel. Laissez-vous guider par l’énergie et documentez vos sentiments, en mots ou en croquis.

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